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Hérault : Après les incendies, la nature renaît de ses cendres, des arbres africains adaptés au réchauffement plantés

Troncs noirscis, feuilles d’arbre roussies, végétation calcinée : les stigmates du feu qui a parcouru au début de l’été dernier le massif de la Gardiole entre Montpellier et Sète (Hérault) n’échappent pas au regard des randonneurs et des vététistes qui arpentent chaque jour ses sentiers. « C’était le premier grand feu de la saison. Ce jour-là (le 5 juillet 2025), avec le vent, le feu est parti très vite, très fort », se souvient Armand Aninat, coordinateur Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) à l’ONF de l’Hérault. En août 2024, un incendie avait parcouru environ 350 ha sur le secteur de Gigean/Frontignan/massif de la Gardiole.
Sur les 270 hectares partis en fumée cet été, une centaine était boisée. Faute d’avoir pu intervenir à temps, l’ONF panse désormais les jeux de la forêt pour faire en sorte que le paysage redevienne comme avant, ou presque. « Le massif, situé en zone périurbaine, est très fréquenté. Les arbres brûlés, en particulier les résineux, se dégradent vite et le risque de chute de branches est important. Notre première mission est de ramasser le bois mort et de sécuriser les lieux », insiste Christophe Chantepy, expert national DFCI.
Un exploitant forestier local transformera le bois brûlé en copeaux pour alimenter les chaudières collectives. « Le reboisement n’est pas systématique. Il faut laisser le temps à la nature de renaître », poursuit-il, laissant une part belle à la régénération naturelle. Cà et là, quelques semaines à peine après le passage du feu, les premiers signes de repousse chez les chênes kermès, sorte d’arbuste typique de la garrigue, sont déjà visibles. « C’est encourageant. Sur le chêne vert, nous procédons à des tailles et à des opérations de réception. Cela consiste à tronçonner l’arbre à sa base pour stimuler la repousse. »
Quant aux pins d’Alep, on laisse la nature faire. Plantés il y a plus de cinquante ans dans le cadre du plan d’aménagement du littoral baptisé mission Racine, ces broches ont la particularité de se régénérer grâce au feu, les cônes explosant sous la chaleur et délivrant ainsi leurs graines. C’est ce qui s’est passé à la suite d’un autre incendie en 2014.
Des « îlots d’avenir »
Les pins Parasol, à l’inverse, ne repousseront pas. On se tourne alors vers l’avenir. « Notre mission est de faire en sorte que la forêt revienne tout en la rendant plus agile et plus adaptable au changement climatique », décrypte l’agent de l’ONF.
Place à l’expérimentation, comme sur cette parcelle de 3 hectares, toujours dans le massif de la Gardiole, sur laquelle le feu est passé à la fin de l’été 2024 sur 310 hectares. Carougnier, arganier, pin des Canaries et chêne de Kabylie : quatre essences d’arbres, qui poussent en général dans le nord de l’Afrique, vont y être plantées à l’automne 2026. Baptisés « îlots d’avenir », l’objectif est de tester leur adaptabilité au réchauffement climatique.
« L’aspect paysager était aussi important. La commune de Gigean, sur laquelle est située la parcelle, était preneuse de feuillus mais réticente aux résineux car associés au risque d’incendie », indique Julien Carette, technicien forestier à l’ONF. Mais faire naître une forêt, c’est accepter de travailler sur le temps long, prévient-il, rappelant que les arbres partis en fumée avaient 50 ans. Ici les années se comptent par dizaines.