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« Imaginez un congélateur dont on laisse la porte entrouverte » : en Auvergne, Super-Besse révolutionne la production de neige

« Imaginez un congélateur dont on laisse la porte entrouverte » : en Auvergne, Super-Besse révolutionne la production de neige

Un grand ciel bleu, 11 °C affiché au compteur des remontées mécaniques… et pourtant, en cette veille de vacances de Toussaint, la neige s’accumule déjà… Les pistes de ski de Super-Besse (Puy-de-Dôme), situées entre 1 300 et 1 850 m d’altitude, n’ouvriront que dans deux mois, mais en contrebas des télésièges, d’imposants tas de neige artificielle se forment lentement sur l’herbe encore verte. Le secret de ce miracle ? Des modules high-tech capables de produire des flocons même quand le thermomètre reste positif — une innovation qui fait de la station auvergnate un précurseur en France.

« On ne sauve pas juste le ski, on sauve un territoire »

« À l’heure où beaucoup de petites stations ferment, nous, on résiste ! » lance Lionel Gay, maire de Besse et président de la SAEML Sancy-Pavin. « L’an dernier, on a fait 9 millions d’euros de chiffre d’affaires sur la partie neige, avec un excédent de 200 000 euros, malgré un hiver sans froid ni flocons. Nous sommes passés de 20 à 60 CDI à l’année. Notre stratégie, c’est de sécuriser la neige pour sécuriser notre avenir. »

Au cœur du dispositif : dix unités de production de neige toute température (bientôt douze) installées sur les zones clés du domaine. « On les a positionnées sur les pistes des débutants pour préserver les écoles de ski et sur une rouge ludique très fréquentée », détaille Vincent Gatignol, directeur de la station. « Elles tournent jour et nuit depuis le 13 octobre. »

Ces modules imposants — comparables à des conteneurs — transforment l’eau en fins copeaux neigeux grâce à un procédé industriel étonnant. « Imaginez un congélateur dont on laisse la porte entrouverte, suggère-t-il. Du givre se forme à l’intérieur, qu’on arrache ensuite avec un rabot. Ici, c’est pareil : un cylindre crée des paillettes de glace en continu, un rabot la broie en petits morceaux et des ventilateurs projettent ces copeaux pour ancien des tas qui atteindront six mètres de haut d’ici décembre. »

Chaque module produit environ 28 m³ de neige par jour, soit 35 000 m³ au total d’ici le 15 décembre. De quoi garantir une couche de 40 à 60 cm d’épaisseur sur les zones stratégiques si la vraie neige venait à manquer. « Cette technologie ne nécessite aucun additif ni produit chimique », assure le directeur. L’eau utilisée est prélevée à l’automne, lorsque la ressource est la plus abondante, puis naturellement restituée au printemps, à la fonte. « On ne peut pas dire que ce soit 100 % écolo, car ça consomme de l’électricité, mais c’est vertueux : la chaleur produite par les systèmes est récupérée pour chauffer le centre ludo-sportif des Hermines, les ateliers et les garages. »

Super-Besse a ainsi investi quelque 3 millions d’euros pour équiper son domaine, une politique volontariste qui vise à maintenir l’activité de plus de 120 emplois directs et plus de 1 000 emplois indirects (hébergement, commerces, écoles de ski…). « On ne sauve pas juste le ski, on sauve un territoire », insiste Lionel Gay. « Si les stations ferment, c’est tout un pan d’économie locale et d’identité montagnarde qui s’effondre. »

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